Tout comme un grand nombre de journalistes condamnés pour "outrage à institution", à "corps constitués" et pour "diffamation", Ali Dilem a bénéficié d’une mesure de grâce présidentielle décidée à l’occasion du 5 juillet 2006 qui commémorait la Fête de l’Indépendance. Le 11 février précédent, la Cour d’appel d’Alger avait alourdi le verdict du 24 mai 2005 contre le dessinateur, pour une série de caricatures publiées durant l’automne 2003 dans le journal Liberté et considérées comme "offenses au chef de l’Etat". Le dessinateur a cette fois été condamné, par défaut, à un an de prison ferme, peine assortie d’une amende de 50.000 dinars (500 euros). Le 15 février ensuite, le tribunal correctionnel d’Alger devait statuer sur une caricature parue dans le quotidien Liberté du 3 avril 2002 et jugée "offensante" pour l’institution militaire. On se souvient que dans un jugement rendu le 23 décembre 2003, pour ce même dessin qui portait sur le massacre de 21 soldats victimes d’un faux barrage dressé par des terroristes, Dilem avait écopé de 4 mois avec sursis et d’une amende de 100.000 DA, tandis qu’Abrous Outoudert et Hacène Ouandjeli, respectivement ex-directeur de publication et ex-directeur de la rédaction du quotidien, avaient été condamnés à une amende de 50.000 DA chacun. L’affaire a ensuite été mise en délibéré. Ali Dilem était alors poursuivi dans 24 affaires de presse, dont une dizaine pour des caricatures du chef de l’État. L’année précédente, sitôt condamné à l’ouverture de l’audience du 14 juin 2005, Dilem était revenu à la barre pour s’expliquer au sujet d’une autre caricature qui a fait l’objet d’une plainte, déposée par le ministère public, pour "offense au chef de l’Etat". Le dessin, qui remonte à septembre 2003, portait sur la présidentielle du printemps 2004 et spéculait sur l’absence du soutien de l’armée au Président candidat Bouteflika qui briguait un second mandat. Lors de l’audience du 28 juin, du tribunal de Sidi M’Hamed à Alger, le caricaturiste et le directeur de la publication du journal Liberté à l’époque, Farid Alilat, ont été condamnés à 6 mois de prison ferme ainsi qu’à une amende de 250.000 dinars chacun. Le journal a pour sa part été condamné à verser 1,5 million de dinars. Le 31 mai 2005, le parquet avait également requis six mois de prison ferme contre Dilem. Celui-ci a effectivement été condamné, le 14 juin, à six mois de prison ferme et à une amende de 250.000 DA, dans une ancienne affaire l’opposant au ministère de la Défense. Dans le dessin incriminé, datant du 29 novembre 2001 à la suite des inondations de Bab el-Oued, il était question de généraux qui auraient donné de l’argent aux sinistrés à la faveur d’un téléthon. Son avocat, Me Khaled Bourayou, avait décidé de faire appel. Dans la même affaire, Abrous Outoudert, son ancien directeur du journal Liberté a écopé de deux mois de prison ferme et d’une amende équivalente. Là encore, le journal avait été condamné à verser un million de dinars. Le 10 mai, une autre peine de douze mois de prison ferme ainsi qu’une amende de 100.000 DA avaient été requis, par le parquet d’Alger, contre Dilem, le chroniqueur Mustapha Hammouche et Farid Alilat, pour la publication d’une série de caricatures et d’une chronique, en 2003 dans le journal Liberté, considérées comme "offenses au chef de l’Etat". L’affaire avait été mise en délibéré pour le 24 mai, date à laquelle le caricaturiste a été condamné à une amende de 50.000 DA, le journaliste Mustapha Hammouche acquitté, tandis que Farid Alilat a été condamné à une peine d’un an de prison ferme par contumace et à une amende de 100.000 DA. Dans une autre affaire qui l’oppose au ministère de la Défense nationale, Ali Dilem avait été condamné en première instance, le 28 décembre 2004 par le tribunal d’Alger, à six mois de prison ferme, peine assortie d’une amende de 250.000 DA après "un jugement réputé contradictoire". Chroniqueur du journal Le Matin, Sid Ahmed Semiane (SAS) avait pour sa part été condamné, par défaut, à la même peine. Rappelons que le procès portait sur des déclarations, jugées diffamatoires, faites par Ali Dilem et SAS au sortir d’une audience, en 2003, au sujet d’une plainte déposée par le MDN. Dans cette même affaire, la journaliste Ghada Hamrouche, qui a rapporté les propos de Dilem et SAS, et Mohamed Benchicou, le directeur du quotidien Le Matin qui purge actuellement une peine de deux ans d’emprisonnement, ont été condamnés à six mois de prison avec sursis et une amende de 250.000 DA. Interdit de parution depuis juillet 2004, Le Matin devait en outre verser la somme de 2,5 millions de DA. De lourdes peines ont par ailleurs été prononcées le même jour dans plusieurs procès opposant des journaux au ministère de la Défense et au ministère public. Le 23 décembre 2003, Dilem avait été une nouvelle fois condamné par le tribunal d’Alger à une peine de quatre mois de prison avec sursis et à une amende de 100.000 DA. Abrous Outoudert et Hacène Ouandjeli, respectivement ex-directeur de publication et ex-directeur de la rédaction du quotidien Liberté, avaient été condamnés dans la même affaire à une amende de 50.000 DA chacun. La caricature incriminée, datée du 3 avril 2002, mettait en scène un drame survenu la veille dans lequel 21 militaires avaient été victimes d’un faux barrage dressé par des terroristes. Le ministère de la Défense avait jugé diffamatoire cette caricature dont la légende disait "Le code pénal protège les généraux, pas les soldats". Le caricaturiste du quotidien Liberté avait déjà été interpellé le 8 septembre 2003 en compagnie de Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin, pour des dessins et des écrits jugés diffamatoires en vertu de l’article 144 bis du code pénal amendé. Conduits au Commissariat central d’Alger pour y être entendus, ils ont ensuite été entendus par le procureur de Sidi M’hamed. Déférés le lendemain, devant le juge d’instruction, les deux mis en cause avaient été remis en liberté provisoire. Ali Dilem avait auparavant été condamné, le 20 mai 2003 par le même tribunal d’Alger, à six mois de prison avec sursis et à une amende de 20.000 DA, suite à une plainte du ministère de la Défense. Le directeur de publication avait, quant à lui, été condamné à une amende de 40.000 DA et le journal à une amende de 300.000 DA. (Liberté, 21 mai 2003) Le dessinateur était ainsi le premier à tomber sous le coup d’un amendement du code pénal, rapidement rebaptisé du nom d’"amendement Dilem" parce que taillé sur mesure pour lui et pour museler une liberté de dire chèrement conquise. Cet article adopté en mai 2001 prévoit des peines de deux à douze mois de prison et des amendes allant de 50.000 à 250.000 DA, pour toute mise en cause, dans des termes injurieux, insultants ou diffamatoires, du président de la République, mais aussi du parlement, de l’une de ses deux Chambres, ou de l’Armée nationale populaire (ANP). Déjà condamné pour un dessin, paru le 15 janvier 2002 sur Mohamed Lamari, le chef d’état-major des armées, et à une amende pour un autre dessin sur l’assassinat du président Boudiaf, Dilem était également poursuivi pour une troisième caricature parue en novembre 2001, sur le Téléthon, toujours suite à une plainte du ministère de la Défense. C’est cette dernière qui lui a valu une condamnation, le 14 juin 2005, a six mois de prison ferme.
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